Peut-on manger dans un bar à vins ?
Je ramène quelques souvenirs culinaires de mon récent séjour parisien. J'ai déjà évoqué la Régalade mais pas le Willi's Wine bar.
Tout s'annonce bien à priori : je tiens l'adresse du Paris Obs de la mi-février qui a sélectionné "50 bistrots à moins de 35€". On va voir le spectacle de Sébastien Thierry (l'auteur de Chez Maman sur Canal+) "Dieu habite Düsseldorf" juste après.
Je ne sais pas si c'est parce que nous sommes les premiers arrivés, mais le service est particulièrement délicat : tous exotiques puisqu'anglophones, la plupart jeunes, une jeune femme blonde ravissante. Un serveur qui de loin a compris pour l'essentiel nos choix. Mais nous sommes mal placés. Au fond de la salle, entre un énorme pilier, bouchant toute la vue, et une table jouxtant les toilettes. Le système des castes existe bel et bien : il suffit de réserver une table sans être un habitué pour s'en convaincre.
De délicieuses chips orangées faites maison (et des lanières de poireaux frits), en attendant un apéritif plus que curieux, un Xérès Palocorta. Où l'on attendait une sorte de vin cuit sucré, on tombe sur un breuvage sec, au goût difficilement définissable et on reste perplexe parce qu'incapable de savoir si cela nous a plu ou non. Le choix du vin est presqu'impossible : la liste est longue et les tarifs prohibitifs !
Arrivent les entrées. Un tartare de thon rouge et son pain grillé à la plancha. La présentation est bonne : le tartare a la taille d'une entrée, le rouge du poisson est relevé par une mirepoix de légumes, le pain est doré. L'habillage se révèle trompeur. Le tartare manque de goût, est un peu trop huileux, le pain mériterait qu'on le frotte légèrement à l'ail. L'autre entrée : un bon risotto mais "les queues d'écrevisses" sensées l'accompagner se révèlent être de banales crevettes palôtes, de l'ordinaire d'hypermarché. Le cuisinier passe juste à côté du plat réussi, le frôle.
De la pièce de boeuf Salers, on retiendra les haricots au croquant si superbe qu'ils en deviennent presque suspects ... et le gratin dauphinois servi dans un petit moule à tarte. Je regrette définitivement mon choix quand je goûte à l'agneau de mon vis-à-vis : le jus d'épices est à tomber, je paierais cher pour en avoir la composition exacte. La semoule aux olives noires concassées est du même acabit, un régal. Là, le cuisinier est tombé juste. J'en oublie les petits moucherons qui nous tiennent compagnie depuis l'apéritif et les autres petites déconvenues : je reviendrai pour cet agneau !
Suit la tarte aux poires et sa crème anglaise. Je commence par la crème, que j'oublie immédiatement, trop liquide, trop légère; elle
me rappelle celle qu'on retrouve dans les cantines d'entreprise ou
les restos universitaires. La tarte. J'ai devant les yeux une poire émincée très finement, recouverte d'une fine gelée, mais la pâte reste invisible. A la première bouchée, elle est pourtant bien là, toute fine, impeccable, avec un peu de frangipane. C'est le juste équilibre entre fruit et pâte, la juste quantité.
J'oublie les tartes que j'ai pu mangées auparavant, une tarte pour moi maintenant c'est ça.
Le menu du soir (entrée-plat-dessert) est à 32€, celui de midi à 25€.
Pense-bête : Agneau au jus d'épices - Tarte aux poires - Vins trop chers